Un abandon, beaucoup de positif et un démâtage avec sursis !
Je vous débriefe de cette incroyable Normandy Channel Race 2023 !
Cette Normandy Channel Race 2023 a été une course d’une intensité folle dont nous avons su être l’un des protagonistes. Malheureusement, à quelques heures de l’arrivée et alors que nous étions en 2e position (!) nous avons subi la casse de notre étai principal ce qui nous a contraint à l’abandon. C’est une grande déception de n’avoir pas pu finir la course mais nous sommes absolument ravis de notre performance, et surtout très chanceux de ne pas avoir démâté !
Comme l’impression d’être passés en Ligue 1
Vous l’aviez peut-être senti dans mon dernier email avant le départ : on rougissait un peu en regardant la feuille de match. Les noms de nos concurrents sur la cartographie ne vous disaient peut-être pas grand chose, mais le plateau était extrêmement relevé!
Saurez vous retrouver le bateau Café Joyeux (indice : on est en excellente position, au vent, devant !)
Dès le départ nous avons su naviguer en tête de flotte. A Saint-Marcouf nous sommes 7e et le soir même à l’arrivée à l’île de Wight nous sommes 5e.
Superbe coucher de soleil à l’arrivée en Angleterre !
Un léger déficit de vitesse et une mauvaise option sous l’Angleterre (au portant sous spi dans une mer très courte) nous relèguent en 9e position. Mais nous1 arrivons à tirer notre épingle du jeu dans la pétole à Land’s End, pour nous re-hisser en tête de flotte.
Land’s End a bien rebattu les cartes. On voit rarement autant de concurrents aussi proches !
Après un long bord de “reaching” (c’est à dire travers au vent, conditions dans lesquelles le nouveau bateau est spécialement à l’aise) nous passons le phare de Tuskar, en Irlande, en 2e position.
Photo-souvenir au passage de Tuskar, le premier pour Léo !
De nouveau nous mettons le spi pour redescendre vers le Fastnet dans des conditions similaires à celles rencontrées sous l’Angleterre. Lorsque nous contournons l’île Noire de Tintin (= le phare du Fastnet, qui lui ressemble beaucoup) une journée plus tard, 9 bateaux nous ont doublés. Certains parce qu’ils ont été plus rapides, d’autres parce qu’ils ont choisi une meilleure option, à la côte, le long de l’Irlande. Double échec ! Nous repartons du Fastnet en 11e position.
Sur le long bord de près du retour nous faisons une vraie remontada. Nous arrivons à aller toujours un peu plus vite que les bateaux autour de nous et nous tirons un contre-bord bien dosé en milieu de mer d’Irlande. Une journée plus tard, nous nous retrouvons de nouveau en 2e position !
Au taquet au 4e jour de course !
Mentalement, on passe un vrai cap avec Léo. On sait désormais qu’on a notre place sur la ligne de départ, qu’on sait prendre des options quand il faut (pas toujours payantes… mais quand même) et qu’on sait aller aussi vite que les copains (pas toujours non plus, mais quand même!). On a vraiment l’impression d’être passés en Ligue 1.
“Et paf l’étai” : sombre histoire d’un démâtage avec sursis
La nuit de mercredi à jeudi est particulièrement éprouvante. Toute la nuit nous devons tirer des bords de près au ras des cailloux pour se protéger du courant défavorable. Au petit matin, une fois le courant renversé, nous pouvons enfin mettre le cap vers les côtes françaises. Le vent forcit au fur et à mesure que l’Angleterre s’éloigne. En prévision du changement de voile d’avant particulièrement pénible, nous hissons le J2 (petit foc) sans le dérouler. Quelques minutes plus tard, le vent souffle alors à 25 noeuds quand on entend un énorme bruit sourd : “Paf !”.
Je ne suis pas expert maritime (mon grand père, lui, l’étai2 ) mais là il manque quand même un morceau…
Le bateau s’arrête d’un coup. Nous levons la tête mais c’est déjà dans l’eau que cela se passe : le J1 (grand foc) s’est transformé en ancre flottante et est en train de passer sous le bateau. Sauf que c’est justement lui, le J1, qui tient le mat normalement… 🤔 Alors comment le mât est-il encore debout ?
On comprend alors que c’est le J2 qui retient le mât sur l’avant. On n’y croit pas tellement c’est improbable : il n’était pas tendu ! Équilibre du mât fragile, bateau non manoeuvrant pour cause de 50m2 de voile dans l’eau, 25 noeuds de vent et houle de 2,5 mètres… Sentiment de panique à bord !
S’en suivent quelques minutes assez critiques où nous sécurisons le mât, ramassons le J1 et réduisons la toile. Le tout dans une mer très formée, pas facile !
Notre pauvre J1 tout troué après son passage sous le bateau
Nous prenons ensuite la décision logique d’abandonner et de rejoindre Lorient. Nous arriverons le lendemain, vendredi, en même temps que les premiers à Caen.
Les vainqueurs de la course : Kevin et Ambrogio sur Pirelli. Oui, toujours ce même satané italien ! Lorsque nous étions à la lutte en 1e et 2e position, cela nous a rappelé des bons souvenirs de notre Mini Transat. Bravo à eux, ils ont été un cran au-dessus de tout le monde.
Pendant ce temps à Lorient… Moins glorieux, moins spectaculaire peut-être, mais avec un mât, et ça, c’est bien le plus important ! Merci au comité d’accueil (Lauris, la petite Nono et Mic 😘)
Voilà, vous l’aurez compris, on est déçus, mais on n’a pas besoin du classement final pour savoir qu’on a tout de même très bien navigué ! Et prendre un démâtage avec sursis pour une casse d’étai, comment dire… on s’en sort bien.
Et maintenant ?
La prochaine course de la saison sera les Sables - Horta dont le départ sera donné le mardi 27 juin. Au programme ? Un aller-retour aux Açores depuis les Sables d’Olonne, en double. Je serai de nouveau accompagné de Léo, et on fera tout pour être devant, on sait qu’on en est capables maintenant !
Beaucoup de choses à faire d’ici là : des réparations sur le bateau et ses voiles, la décoration de la coque (pour de bon, cette fois) et un peu de repos au passage !
À l’heure où je vous parle, Yelcho est déjà sorti d’eau et Léo a - déjà - attaqué les réparations pour le remettre en route !
À bientôt,
Nico
C‘est un “nous” très collectif, car en réalité c’est Léo qui barrait pendant que je dormais à poings fermés. Ce réveil de sieste = pur bonheur. Merci Léo.
Boutade
Bravo Nico et Léo, vous avez été impressionnants !
Vous étiez presque le meilleur bateau, et cet abandon va vous rendre encore meilleur!
C’est dans ce type de courses qu’il faut progresser
Bravo les gars
Merci pour Café Joyeux 😀